La captivité : un calvaire pour les dauphins et les orques
Comment imaginer que des cétacés, nés pour sillonner les océans en groupes sociaux complexes, puissent s’épanouir en captivité ? Il est strictement impossible de répondre aux besoins, en matière de bien-être, d’individus arrachés à leur famille, condamnés à la promiscuité dans de petits bassins, forcés de participer à des spectacles et soumis à un environnement délétère (eau traitée, bruit, ensoleillement). Aucun expert indépendant ne certifiera qu’un dauphin captif est satisfait de l’être.
Le bien-être des cétacés incluant les dauphins et les orques en captivité est une source d’inquiétude pour les scientifiques. Lori Marino, neuroscientifique et spécialiste des cétacés, affirme que leur nature fondamentale est incompatible avec la captivité.
La captivité des cétacés dans le monde
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L’intelligence des dauphins et des orques est telle que leur détention en captivité est une torture. Leur espérance de vie y est réduite de moitié ! Eux qui ont un langage, des dialectes, des traditions, sont contraints de survivre dans des bassins bétonnés où il n’y a rien à faire et de côtoyer des individus qu’ils ne peuvent fuir en cas de mésentente – comment oublier le drame du petit Aïcko et des agressions qui ont conduit à sa mort ? Ou encore Tilikum, rendu tristement célèbre après qu’il a tué sa dresseuse, et au cœur du film Blackfish, qui a ému le monde entier ?
La souffrance des cétacés captifs n'est pas un spectacle à offrir aux enfants, mais un fléau à combattre.
L’état des delphinariums dans le monde et en France
Membre de Dolphinaria-Free Europe, coalition européenne d'ONG, One Voice travaille avec de nombreux experts internationalement reconnus pour que les delphinariums soient interdits en France, comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays.
Ses enquêteurs surveillent de près les cétacés captifs au sein des trois parcs marins français. Parmi eux, certains sont particulièrement en souffrance :
- En région parisienne : Femke est une femelle dauphin, capturée sur les côtes de Floride, et détenue en France depuis 2008. En 2016, Ekinox, son fils unique âgé de 6 ans a été envoyé dans un delphinarium en Grèce. Depuis, elle ne cesse de dépérir et reste prostrée dans un coin du bassin. D’après le vétérinaire Pierre Gallego, spécialiste des mammifères marins, consultant pour One Voice, Femke présente des symptômes alarmants (embonpoint excessif, boursouflures au ventre et au cou). Elle souffre probablement d’une atrophie musculaire qui l’empêche de se mouvoir correctement. De plus, la façon dont elle prend les virages laisse penser qu’elle a des problèmes de mobilité de la tête ou du rachis.
- À Antibes : l’orque Inouk est un mâle né en captivité en 1999. Il ne grandit pas correctement. Il a perdu son demi-frère dans les inondations de 2015, et est en grande souffrance depuis.
- À Port-Saint-Père près de Nantes : les dauphins Galéo et Aïcko n’ont jamais connu l’océan et ont été privés de leur mère très tôt. Souffre-douleur des dauphins plus âgés, aucun des experts que nous avons consultés n’avait jamais observé un dauphin aussi maigre que le petit Aïcko. Depuis sa mort en 2016, son frère Galéo erre sans but dans le bassin.
L’enquête de One Voice à Taiji : la chasse des cétacés au profit des delphinariums
En 2003, One Voice a révélé au monde entier le lien existant entre la pêche des dauphins dans la baie de Taiji, au Japon, et les delphinariums. Les images ramenées par nos enquêteurs, reprises par de nombreux medias, montrent comment, au milieu des cadavres de dauphins, des courtiers et des dresseurs font leur marché en sélectionnant les plus beaux specimens.
Un dauphin se négociant environ 30 000 dollars, et tandis que la viande de dauphin, chargée en métaux lourds, a perdu de son intérêt, on estime qu’aujourd’hui, ce sont les delphinariums qui entretiennent cette tradition cruelle, vieille de 400 ans.
D’octobre à avril, les pêcheurs ne massacraient pas moins de 2 000 cétacés chaque année. Grâce à une mobilisation internationale, le nombre de victimes a diminué et serait tombé à 800 morts depuis la saison 2013/2014.
Interceptés lors de leur migration, les dauphins sont poursuivis jusqu’à épuisement ou stoppés par un mur de son, généré par des tiges métalliques frappées les unes contre les autres et plongées dans l’eau. Pris au piège, les dauphins sont regroupés en eaux peu profondes à l’aide de filets. Les pêcheurs séparent alors les petits des mères et entament le massacre, et surtout la sélection...