Les dessous de l’exploitation des lapins angoras en France révélés par One Voice
9 000 tonnes de poils de lapin seraient commercialisées chaque année dans le monde, en majorité par la Chine. Le secteur français, après une forte croissance, est passé de 2 000 élevages dans les années 1980, à moins d’une centaine aujourd’hui. Laissées libres de leur pratique, ces structures, qui exploitent de quelques dizaines à plusieurs centaines de lapins angoras, sont pourtant source d’une grande souffrance.
Car si l’on sait le sort des lapins dans les élevages chinois, depuis une enquête de PETA en 2013, les enquêteurs de One Voice ont révélé que leur sort en France n’est guère meilleur. Les images et photos qu’ils ont rapportées sont sans appel.
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Les conditions de détention des lapins
Sociaux et joueurs, les lapins aiment à se cacher, grignoter, explorer, courir ou sauter et même jouer. Dans la nature, ils vivent en groupes de 5 à 7 individus en moyenne, qui se regroupent en colonies pour veiller et défendre leur territoire contre les prédateurs. Dans les élevages visités, les enquêteurs de One Voice ont constaté des conditions de vie plus que sommaires. Les lapins sont parqués seuls dans de petites cages, hormis les mères qui bénéficient de la compagnie de leurs petits. Ils ne peuvent cependant rien y faire, pas même sauter, tant le plafond est bas… La vie des lapins dans ces structures se réduit à dormir, boire et manger, quand ils ne sont pas affamés en vue de l’épilation.

La dure destinée des lapins angoras
La production de poils est dépendante de l’âge des lapins et conditionne leur longévité. Ils sont considérés comme exploitables en général jusqu’à 6 ou 7 ans. Les mâles, qui en produisent moins que les femelles, sont éliminés après sexage (technique déterminant le sexe), réalisé à la naissance ou après quelques mois d’existence. Certains sont conservés pour la reproduction, et échangés avec d’autres éleveurs pour limiter la consanguinité.
Quant aux femelles, elles sont exploitées jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus procréer. Si les mâles en trop sont parfois mangés, la plupart des lapins indésirables (trop vieux ou malades) sont achevés librement en fonction des habitudes, c’est-à-dire bien souvent par un coup de bâton derrière la tête. Les plus jeunes lapereaux, quant à eux, seraient « juste » violemment jetés par terre, d’après les propos recueillis par nos enquêteurs. Quant aux dépouilles, un des éleveurs a avoué les brûler plutôt que d’avoir recours à l’équarrissage.
L’épilation des lapins angoras : une pratique cruelle
L’épilation, réalisée trois fois par an, dure en moyenne entre 20 et 45 minutes par lapin. Après la séance de torture, ils finissent quasi rasés. Les poils du dos sont retirés quelques jours après. De nombreux lapins succombent à un choc thermique ou tombent malades car leurs cages ne sont que sommairement isolées.
Plusieurs méthodes sont employées pour récolter les poils. La plus courante est l’épilation sur table. Le lapin est immobilisé, le corps étiré sur une table en bois, attaché par une patte avant et une patte arrière.
Les lapins sont des animaux de proie, donc toujours prêts à s’enfuir. Prisonniers sur la table, leur stress est immense. Nos investigateurs en ont vu certains se débattre voire hurler pendant plusieurs secondes avant même le début de l’épilation. Mais le pire est à venir. Empoignés par la peau du cou ou du ventre, par une patte ou même la tête, mis dans des positions qui n’ont rien de naturel, on leur arrache les poils par poignées, souvent avec un peu de peau aussi... Les parties génitales ne font pas exception. Les cris stridents qu’ils poussent ne suscitent au mieux que des moqueries.
L’épilation sur les genoux, observée dans un seul élevage sur de jeunes lapins, est encore plus choquante : la tête en bas, coincés entre les jambes et tenus d’une main par les pattes, tandis que l’autre arrache les poils…